mercredi 18 avril 2012

AMALGA(MA)

Le musée était majestueux. Bien plus qu’un simple bâtiment regorgeant d’infinies merveilles, l’édifice qui nous accueillait Elle et moi était magique. Ma sœur, peu enchantée par cette visite, avait choisi d’attendre à l’extérieur, tandis que moi, dedans, je me sentais beaucoup plus être ailleurs, paradoxalement. Les patios, les statues, le marbre blanc me plongeaient blanc dans un environnement unique.
À un moment je me retrouvai seul. Je traversais une galerie de baies vitrées quand je sortis dans un jardin carré, dans lequel la nuit tomba tout d’un coup. Là je vis une vieille femme andine à la peau foncée, qui me demanda de la suivre. Je ne comprenais pas son langage mais j’essayais de ne pas la perdre de vue, en suivant sa route qui menait au sommet d’une montagne de roches noires. Le ciel était devenu rouge vif, comme un de ses vêtements traditionnels, mais malgré sa volonté de me parler, je ne pouvais saisir le moindre mot de son sermon. Puis elle disparut au beau milieu de ce néant, pourtant sous les étoiles, qui s’adressaient à moi elles aussi.
Elle, avait rejoint ma sœur dehors car j’étais devenu trop ennuyant dans ce musée à air libre, et que je lui avais récité par cœur l’histoire de quelque chose qui ne l’intéressait pas. Selon ses dires, j’étais même passé à deux doigts de la rupture puisqu’en plus de ça, je m’étais apparemment permis de sortir une plaisanterie mal placée, jugée abjecte. Elle m’en voulait et ma sœur semblait lui donner raison. Moi, je ne me souvenais de rien.
En sortant du palais je fus pris dans une fourmilière de gens dans les couloirs. J’avais envie de passer mes nerfs et d’agresser le premier venu, ce que je tentai en provoquant chaque personne dans la bousculade des escaliers. Cela porta vite ses fruits et rapidement, deux mecs s’énervèrent après que je leur aie assené un coup de coude violent. Rien n’aboutit avec ces deux roquets, si ce n’est un insistant regard meurtrier de leur part. De toute façon, je n’attendais que ça, et ignore toujours pourquoi je ne les ai pas frappés à cet instant précis.


J’arrivai ainsi dans une cour d’école, qui étrangement me rappelait de lointains souvenirs d’enfance. La foule s’éparpillait. Soudain, deux jeunes filles et un type du même âge arrivèrent devant moi pour m’apostropher avec colère, vraisemblablement à cause de mon comportement à la sortie du musée. L’une, petite, laide et quasiment obèse me crachait son venin à la gueule en me regardant droit dans les yeux. L’autre, discrète et gênée, paraissait plutôt accompagner les deux autres contre son propre gré. Elle ne disait mot, tout comme ce mec imposant qui me semblait plus que très familier. En fait, il me rappelait mon ancien voisin, dont j’étais très proche lorsque nous étions très jeunes.
Au bout d’un moment je ne tins plus, et me lançai avec une vitesse que seule la fureur pouvait m’avoir donné, j’attrapai la petite grosse par derrière et lui tordit le cou jusqu’à la faire hurler à la Mort, à terre. Et là, je réalisais ce que je venais de faire, et avant de penser à d’éventuels remords, craignant des représailles ou l’intervention de son compagnon ou d’une personne extérieure, je laissai là la rombière qui m’implorait d’arrêter. Je sentais que quelqu’un était sur le point d’arriver, aussi je voulus décamper au plus vite, mais le gars que je pensais connaître s’interposa brutalement et m’empêcha de partir. À voix basse et avec un regard malsain, il me promit de me laisser m’en aller à condition que je donne un petit baiser à lui et son amie. Extrêmement surpris mais tout en autant en hâte, je m’exécutai, et posai mes lèvres avec résignation sur celles de la fille à qui je venais de briser le cou. Puis vint le tour du mec, dont j’essayai d’éviter la bouche charnue : malheureusement, il me rattrapa dans mon élan et colla sa pute de bouche sur la mienne alors que je visais sa joue. Puis je partis. Cordialement, au revoir.

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