lundi 5 novembre 2012

ENTERREZ-MOI PARMI LES TARASQUES

« Maintenant je sais ce qu’a ressenti Cuauhtémoc », me dis-je en pensant à une célèbre chanson des Smiths. Inconsolable, après m’être rendu compte que ma bien-aimée m’avait trompé. Je ne la reconnaissais plus. Je constatai même que son visage était devenu celui de ma sœur. Incompréhensible. L’ordure, c’était le mec de Mademoiselle C, l’une de mes meilleures amies. Tout avait été prémédité. Calculé, organisé.
Sur un parking, à demi-éclairé ce soir-là, je décidai d’entrer dans la voiture du traître pour avoir la preuve de tout ce qui se tramait. À vrai dire, je ne savais même pas moi-même ce que je cherchais. Et c’est à peine infiltré dans le véhicule que Mademoiselle C et son fidèle compagnon me tombèrent dessus. Sa barbe hirsute et ses yeux enragés me préparèrent à un mauvais quart d’heure. Pourtant, il se contenta de me regarder avec cette étrange expression, alors que je descendais de sa bagnole, méfiant. Je n’en revenais pas qu’elle puisse être complice d’une telle saloperie. Elle semblait cautionner ; presque apprécier. Et Elle, qui ne l’était pas vraiment, se tenait à proximité. Ainsi je partis sans expliquer ni comprendre quoi que ce soit, sur cette chaussée trempée, au milieu d’un nulle part aux lumières perverses et clignotantes qui embrasaient de couleurs le toit de cet immeuble.


Au même moment, le monde connaissait une crise des doublages de films. De nombreux acteurs refusaient de remplir leur voxographie en donnant leur timbre à tout personnage ambigü du cinéma. Moi, dans un supermarché avec ma mère, je me rendis compte à quel point elle avait du mal à reconnaître les gens. Et une femme grotesque aux cheveux frisés, probablement une vieille connaissance à elle, s’approcha de notre caddie pour se remémorer le temps passé. Et perdu. Ma mère n’avait l’air que très peu enthousiasmée par la rencontre incongrue. En me voyant, la rombière s’exclama : « Qu’est-ce qu’il ressemble à son père ! ».
Rien de tel pour me mettre en rogne. Sauf que ce qu’elle avait pris pour moi, était en réalité une calavera à mon effigie, faite en terre et posée non loin…

Aucun commentaire: