Je me réveillais là où j’avais pris le bus la veille, pour rentrer chez moi. Je dormais sur un banc. La première chose que je vis, au loin en entrouvrant les yeux, c’était cette vagabonde sévillane : grande, très grande ; maigre, très maigre ; les yeux remplis de cernes et les cheveux sales. D’habitude, elle pouvait être aperçue dans une autre contrée. Soudain, je remarquai à mes côtés, sur le banc, une autre fille peu accueillante, déjà envahissante. Une furie, disons. Alors elle m’apostropha et m’a demandé des tonnes de choses, soûlante et oppressante. J’avais mon ordinateur près de moi, sur lequel j’avais beaucoup écrit. À ce moment-là, la furie me prit un peu à l’écart pour me demander mon avis sur une lettre qu’elle venait d’écrire. J’y jetai alors un œil, un peu obligé.
C’étaient les caractères d’un alphabet que je ne connaissais pas, que je n’avais jamais vu car il n’existait pas et je l’ignorais. Difficile d’émettre un jugement dans ces conditions ! Confus mais intrigué, je retournai alors sur mon banc en espérant me débarrasser du démon. Même pas une succube, car elle n’avait rien d’attirant.
C’est alors que je remarquai l’absence de mon ordinateur. Volastilisé. Paniqué, je regardai rapidement dans tous les coins de la rue pour voir qui Diable avait pu subtiliser mon portátil, si vite que la gitane d’en face eut à peine le temps de le glisser dans un espèce de sac, croyant être à l’abri de mon champ de vision. Alors je compris le stratagème de l’autre harpie, de mèche toutes deux. Solidarité féminine, machiavélique. Comme un dingue je me ruai sur elle, assise par terre sur le trottoir d’en face. Non sans insulter et haïr verbalement la Jument de Troie que je préférais laisser derrière moi, par peur de lui couper un bras, alors qu’elle continuait à vociférer seule, prétextant être innocente.
Dans le regard de la misérable, adossée à un mur sale, comme ses cheveux, je ne vis que du remord et de la culpabilité. Peut-être également une part d’arrogance et de défi, comme résignée à je-ne-sais quoi. Je récupérai mon bien au bord de l’explosion de nerfs. Elle ne prononça pas un mot. Alors comme un connard je l’humiliai en la rabaissant sur sa condition sociale (ce qui ne me ressemble pas). Elle ne prononça toujours pas le moindre mot. Là-dessus, en rage dedans, à l’intérieur, je me barrais en la laissant seule avec sa housse de couette comme seule compagnie.
Je ne lui ai pas raconté tout ça, à Elle : elle était trop occupée à chercher une destination pour les vacances. Ou peut-être pour vivre. J’avais du mal à prendre une décision, son enthousiasme et son autorité faisaient le reste. J’ai du mal à me souvenir avec exactitude des endroits qu’elle me montrait. Je me souviens juste d’une vallée qui me semblait trop en altitude. Deuxième et dernière proposition : un lieu escarpé aux collines bleues avec des étendues de cactus. Je revois encore les images… et le choix me semblait bon car tout était magnifique.
J’avais du mal. Difficile d’être certain car il y avait forcément toujours quelque chose à redire. Puis il y eût une coupure de courant. Et des reproches. Et ses colocataires féminines non-loin, préparant une paella bien grasse en riant dans la cuisine. Bref, c’était la fête dans le piso. Pas pour moi.
C’étaient les caractères d’un alphabet que je ne connaissais pas, que je n’avais jamais vu car il n’existait pas et je l’ignorais. Difficile d’émettre un jugement dans ces conditions ! Confus mais intrigué, je retournai alors sur mon banc en espérant me débarrasser du démon. Même pas une succube, car elle n’avait rien d’attirant.
C’est alors que je remarquai l’absence de mon ordinateur. Volastilisé. Paniqué, je regardai rapidement dans tous les coins de la rue pour voir qui Diable avait pu subtiliser mon portátil, si vite que la gitane d’en face eut à peine le temps de le glisser dans un espèce de sac, croyant être à l’abri de mon champ de vision. Alors je compris le stratagème de l’autre harpie, de mèche toutes deux. Solidarité féminine, machiavélique. Comme un dingue je me ruai sur elle, assise par terre sur le trottoir d’en face. Non sans insulter et haïr verbalement la Jument de Troie que je préférais laisser derrière moi, par peur de lui couper un bras, alors qu’elle continuait à vociférer seule, prétextant être innocente.
Dans le regard de la misérable, adossée à un mur sale, comme ses cheveux, je ne vis que du remord et de la culpabilité. Peut-être également une part d’arrogance et de défi, comme résignée à je-ne-sais quoi. Je récupérai mon bien au bord de l’explosion de nerfs. Elle ne prononça pas un mot. Alors comme un connard je l’humiliai en la rabaissant sur sa condition sociale (ce qui ne me ressemble pas). Elle ne prononça toujours pas le moindre mot. Là-dessus, en rage dedans, à l’intérieur, je me barrais en la laissant seule avec sa housse de couette comme seule compagnie.
Je ne lui ai pas raconté tout ça, à Elle : elle était trop occupée à chercher une destination pour les vacances. Ou peut-être pour vivre. J’avais du mal à prendre une décision, son enthousiasme et son autorité faisaient le reste. J’ai du mal à me souvenir avec exactitude des endroits qu’elle me montrait. Je me souviens juste d’une vallée qui me semblait trop en altitude. Deuxième et dernière proposition : un lieu escarpé aux collines bleues avec des étendues de cactus. Je revois encore les images… et le choix me semblait bon car tout était magnifique.
J’avais du mal. Difficile d’être certain car il y avait forcément toujours quelque chose à redire. Puis il y eût une coupure de courant. Et des reproches. Et ses colocataires féminines non-loin, préparant une paella bien grasse en riant dans la cuisine. Bref, c’était la fête dans le piso. Pas pour moi.
1 commentaire:
"Ben me prit un peu à l'écart pour me demander mon avis sur les articles d'un blog qu'il venait de publier. J'y jetai alors un oeil, un peu obligé."
Mais surpris ! Ce sont d'exceptionnels dons de toi que tu nous offres là, littérairement bien remaniés, je n'ose imaginer le pouvoir qu'auront les professionnels du rêve sur toi lorsque cette science sera de moins en moins mystérieuse. En tout cas, c'est une source d'imagination et d'inspiration intarissable, encore faut-il s'en rappeler, ce qui n'est pas le cas de tout le monde.
Je suis nul pour faire des commentaires de texte, j'ai du mal à expliciter, lors d'une lecture, des sentiments qui se succèdent à chaud, provoqués pour de multiples raisons telles qu'une belle assonance, une métaphore touchante, un mots d'esprit, une référence judicieuse, un champs lexical intelligent, une ponctuation particulière, des fines liaisons, une atmosphère touchante, une histoire, une morale ... Ça enlève tout le plaisir de la lecture. J'aurais aussi pu faire une analyse freudienne de ton rêve, mais je n'ose imaginer que tu aies envie de tuer papa pour coucher avec maman.
Mais j'ai beaucoup apprécié la lecture de ces rêves, ils sont très agréables et amusants à lire. Peut-être parce que je les ai lus, dans ma tête, avec la voix et l'intonation que je te connais, flegmatiques, cyniques, et ironiques. Tout cela est bien écrit, tu peux continuer sans rougir.
La prose me touche plus que la poésie, bien que ça ait tendance à changer ces derniers temps. Les seuls poètes qui aient réussit à me toucher sont John Keats et Antonin Artaud (plus jeune). Il faut dire que je n'en lis pas beaucoup aussi ...
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